Voulant donner à voir, sur la scène, « cette vie mystérieuse, joyeuse et superbement aboutie que l’on appelle la Mort », Edward Gordon Craig propose en 1907 de remplacer le comédien de chair et de sang par son double artificiel, la Surmarionnette.
Près de soixante-dix ans plus tard, le mannequin en compagnie duquel Tadeusz Kantor fait entrer l’acteur vivant sur la scène vient nous rappeler que le théâtre prend sa source dans les territoires de la mort.
Nombreux sont, aujourd’hui, les artistes qui se ressaisissent de ce double héritage, repoussant les limites du théâtre d’acteurs et du théâtre de marionnettes pour explorer les relations entre corps biologique et corps artificiel, représentation de la mort et représentation du vivant.
Ce volume rassemble les actes d’un colloque international organisé par l’Institut international de la marionnette du 15 au 17 mars 2012, et qui a réuni des spécialistes, des universitaires et des artistes venus du monde entier.
À travers la diversité des créateurs évoqués (d’Oskar Schlemmer à Gisèle Vienne, de Maurice Maeterlinck à Bérangère Vantusso, de Romeo Castellucci à Kris Verdonck, de Virgilio Sieni à David Girondin-Moab ou Oriza Hirata…), la fascination pour un théâtre d’effigies, où les signes de la vie et de la mort se redistribuent, est ainsi examinée dans ses développements les plus récents, d’un point de vue esthétique, poétique, philosophique ou anthropologique.