Le théâtre de marionnettes que nous propose Lorca a trop souvent été perçu comme une œuvre de jeunesse. Cependant, ce théâtre, d’inspiration largement « cervantine », s’inscrit totalement et pleinement dans cet ensemble cohérent que constitue l’œuvre « lorquienne » : d’abord parce qu’il suppose une rupture totale avec le théâtre espagnol bourgeois du XIXème siècle et qu’à ce titre, bien que puisant pleinement aux sources de la tradition, il s’inscrit dans la lignée des théâtres d’Alfred Jarry en France ou de Ramón de Valle Inclán en Espagne, mais aussi, parce qu’il évoque ou annonce maints personnages du « théâtre impossible », et, surtout, parce qu’il pose déjà la nécessité d’une certaine méta-théâtralité chère à Lorca et postule donc la mort du théâtre comme unique issue à la représentation.