Nous sommes des milliers d’acteur·trice·s artistiques et culturel·le·s, structures citoyennes, associations, coopératives, sociétés à finalité sociale, représentatif·ve·s de la grande majorité du tissu culturel qui maille notre pays. La moitié de ce tissu est en grand danger de disparition, au risque de voir s’effondrer des pans entiers de liens culturels et sociaux.
Les mesures de relance annoncées, qui proposent un soutien sur deux ans à nos secteurs sinistrés et fragiles, sont évidemment les bienvenues. Toutefois, ce plan de relance ignore complètement, par la dichotomie qu’il affiche entre secteur privé lucratif et secteur labellisé par l’Etat, la diversité de l’écosystème culturel fourmillant de milliers de structures d’initiative privée et citoyenne, aux buts autres que lucratifs. Celles-ci inventent pourtant jour après jour une autre économie, plus sociale, plus solidaire, plus citoyenne et écologiquement responsable.
Parce que la valeur de la culture n’est ni marchande ni rentable, pas plus que celle de la santé ou de l’éducation, parce que sa valeur est tout autre, au service de l’humain, là où les liens priment sur les biens, il est urgent de revitaliser les capacités culturelles et citoyennes dans notre pays.
Alors que les politiques ont du mal à s’écarter du « business as usual », nous invitons à emprunter un autre chemin.
Un chemin qui conduit vers plus de diversité, de rencontres et de démocratie,
Un chemin tracé par une politique culturelle fondée sur les droits fondamentaux et la poétique de la relation, le dépassement des frontières et l’ouverture à l’autre,
Un chemin où se tissent des liens d’interdépendances avec les autres champs sociaux,
Un chemin qui exige une juste répartition des financements, moins concentrés et plus solidaires.
Pour le suivre, à la lecture des mesures annoncées :
Où est la prise en compte de la pluralité de nos activités, de la recherche artistique à la diffusion, de la résidence à l’expression dans l’espace public ?
Où sont les soutiens dans la durée aux équipes artistiques, aux compagnies et aux collectifs qui développent des projets artistiques innovants, des médias citoyens, des pratiques en amateurs, de la formation, des actions dans les écoles, les prisons, les hôpitaux ?
Où sont les soutiens aux démarches coopératives, solidaires, ouvertes à la participation, aux écosystèmes territoriaux expérimentant des tiers espaces, construisant des lieux intermédiaires, partageant des structures, des collectifs, des pôles de coopération ?
Où est la coconstruction horizontale avec les organisations, les associations, les citoyen.ne.s, fondée sur les droits culturels, pour la dignité et des relations de qualité entre les personnes ?
Dans ce contexte difficile où nous sommes bousculé·e·s dans notre humanité, les réponses sont d’une urgence vitale !
Des solutions et des propositions, nous en avons. Partageons-les !