Sur le vif

Une comédienne ouvre une valise sur un monde de papier et de paroles. Grâce au papier contenu dans la valise, elle construit des personnages et restitue la parole des personnes rencontrées. Elle raconte leur courage, leur désillusion, leur colère parfois, utilisant la marionnette en papier pour donner corps et voix à ses personnes.

Intention

Je ne connais pas le déracinement. Je ne l’ai pas vécu.
Mais grâce à mon ancien voisin, j’ai été amenée à fréquenter des associations
d’aide aux sans-papiers, aux exilé.e.s, aux réfugi.é.s, aux migrant.e.s.
On se rassemblait, on discutait, on préparait des repas, on marchait, on triait des
affaires, on riait, on redistribuait, on écrivait des courriers, on faisait des allers
retours au centre de rétention administratif, etc.
J’ai alors rencontré des femmes, des hommes qui avaient quitté leur pays, traversé
des déserts, des mers et des montagnes pour chercher une vie meilleure.
J’ai écouté leurs histoires qui étaient bouleversantes.
Avec leur autorisation, je me suis mise à enregistrer leurs paroles puis à les
retranscrire à l’écrit.
Je notais, sans changer un mot, une hésitation ou une petite maladresse. Je
consignais tout, scrupuleusement.
C’était devenu comme un devoir de conserver telles quelles ces paroles, pour ne
pas qu’elles se perdent, ne pas qu’elles se noient dans les flots de l’actualité et de
la banalisation qui va avec.
Je n’avais pas imaginé porter sur scène ces paroles là.
Et puis j’ai reçu une invitation d’une association, qui entre
autres activités, organise des évènements pour récolter des fonds pour SOS
Méditerranée et sensibiliser le public à la situation des réfugié.e.s.
J’ai appelé la marionnette à la rescousse pour qu’elle prenne en charge ces
témoignages.
Et quelque chose a eu lieu, une écoute.
Alors j’ai retravaillé cette expérimentation pour qu’elle devienne un spectacle.
Mon intention est de donner un nom à ces personnes, de leur donner une identité
et une voix.
Ce spectacle est une tentative de mise à l’écoute.