La Revue Corps-Objet-Image (TJP, Centre dramatique National d’Alsace – Strasbourg) fait se réunir artistes et chercheurs d’horizons divers pour penser autrement les arts de la marionnette contemporaine. Ni revue de théâtre, ni de danse, ni d’arts visuels, elle se propose de devenir l’écho critique de ce qui se cherche aujourd’hui dans les esthétiques de la scène qui travaillent les relations entre les corps, les objets et les images.
Ce deuxième numéro s’articule autour d’un dossier thématique consacré à l’« Alter : l’autre de la matière ». Il questionne la façon dont les marionnettistes donnent à voir les processus d’altération des corps, des objets, des images. Leurs intrigues, leurs régimes, leurs figures, leur performativité. Des processus par lesquels un corps s’étrange à lui-même par le contact d’un objet, d’une matière, d’un alter paradoxalement ego. Des chercheurs se penchent sur les rêveries actives de la matière brute, sur les dynamiques d’altérité inscrites au cœur de la matière du vivant, sur les aberrations surgies d’un autre matérialisme – celle des particules élémentaires de la physique quantique, celle des êtres invisibles qui peuplent les savoirs anthropologiques.
Dans l’orbite de ces espaces réflexifs, des artistes empoignent l’Alter pour expérimenter différents dispositifs d’écriture. S’entretenir à deux, faire effraction dans la parole de l’autre, être le maillon d’une chaîne ou dériver à plusieurs. Les contributions s’agencent dans des dispositifs d’altération qui inventent des formes de partage et de confrontation. Elles nous parlent, entre autres, des gestes de fabrication de la matière, des relations complices entre une forge et un théâtre, des paradoxes du bateau de Thésée, des images qui se lèvent des parois préhistoriques, du cannibalisme des objets scéniques.