Ce numéro entend observer comment les arts dramatiques, scéniques et visuels se saisissent du corps marionnettique marionnette, effigie, pantin, corps artificiel, acteur ou danseur marionnettisé … , se règlent ou se dérèglent sur lui pour se réinventer et ouvrir de nouvelles voies à l’incarnation de la parole et à l’animation des figures (« anima », faut-il le rappeler, signifie « souffle »).
Des voix en playback marionnettisant les acteurs (Carmelo Bene) aux effigies harcelées par des voix (Gisèle Vienne) en passant par ces voix venues désarticuler et/ou animer le personnage (de Yeats à Kossi Efoui), multiples sont les écritures à dialoguer avec les pratiques vocales marionnettiques : soit quelles multiplient les écarts, les zones de friction ou d’émancipation entre la voix et le corps, soient quelles jouent du décentrement, voire de la mise à distance, entre l’origine de la voix et sa répartition dans l’espace. Entre dématérialisation des corps (ombres, projections, hologrammes, ) et corps affirmant leur matérialité, comment la dimension vocale et sonore de ces corps vient-elle dire quelque chose de nos discours (intimes et idéologiques), de nos ritournelles et de nos mondes ? Comment les artistes se mettent-ils à l’écoute de la voix marionnettique et s’efforcent-ils de la traduire ?
La réflexion se veut transversale de par la diversité des territoires visités (Argentine, Belgique, France, Iran, Italie, Japon, Québec…) et des époques abordées (des pratiques traditionnelles comme le Bunraku aux formes scéniques très contemporaines davatars ou de masques vidéo).
Langue : Français
182 pages